Les secrets des AOP
Problèmes de production
Au début du XXe siècle, le vignoble français souffre de l’attaque de parasites et champignons, notamment du cruel phylloxera, destructeur massif des vignes européennes.
Alors que le commerce vinicole bat son plein, la production de vin ne peut même plus répondre à la demande nationale. C’est la pénurie.
Cependant, la science et l’ingéniosité de paysans combattent les parasites grâce à la greffe d’un plant américain résistant avec un plant français de qualité.
S’ensuit une période de travail intense où les vignes sont replantées par milliers, au détriment des cépages traditionnels. La production qui en découle est malheureusement mal maîtrisée, trop importante.
Résultats : une surproduction de vin et une baisse indéniable de leur qualité.
En outre, afin de réduire cette période de carence, d’autres combines voient le jour :
- Importation de vins d’Afrique du Nord française en leur donnant l’appellation “ vin de Bordeaux”
- Fabrication de vin frelaté : utilisation de raisin de Corinthe, de vin “mouillé”, chaptalisation, etc.
Ces fraudes et la surproduction due au fort rendement des jeunes vignes de basse qualité, entraînent une “chute du cours du vin”. Dans les bistrots, le vin n’est plus vendu “au verre”, ni “à la bouteille”, mais “à l’heure”. Les vignerons sont ruinés.
En 1907, Les vignerons du Languedoc-Roussillon défilent dans les rues de Béziers en brandissant :
« Abèré tant de boun bi et pas pourré mangea de pan !* »
*Avoir tant de bon vin et pas pouvoir manger du pain !
Création des Appellations
C’est la révolution des gueux, la plus grande manifestation de la troisième république. La rue obtient enfin raison en juin 1907 avec la création du Service de la Répression des Fraudes, qui prône exclusivement la fabrication de “Vin naturel”.
Par décret de 1935 le gouvernement crée les Appellations d’Origine Contrôlées (AOC), devenues Appellations d’Origine Protégées (AOP) en 2012. Ces labels sont européens.
Une AOC identifie un produit, en l’occurrence un vin en s’appuyant sur trois critères :
- La zone géographique où sont réalisées toutes les étapes de fabrication, de la production à la transformation
- La qualité des cépages sélectionnés en adéquation avec le sol et le climat
- Le savoir-faire du viticulteur reconnu et réglementé par un cahier des charges exigeant
Les appellations valorisent les différentes composantes de la fameuse notion de terroir que sont le climat, le sol, l’exposition, la géographie, les cépages. Les AOC/AOP apprécient aussi les compétences des vignerons.
Le paysan dompte la nature pour cultiver la vigne et rend hommage aux potentialités dudit terroir, un peu comme “un chef d’orchestre guide ses musiciens ».
L’appellation Bordeaux apparaît en 1936, suivent celles de Saint-Émilion en 1954 et Pessac Léognan en 1987. En 2009, les AOP valorisent enfin le superbe terroir des Côtes de Bordeaux, avec ses coteaux dominants les rives de la Garonne. Cette appellation Côte de Bordeaux est un véritable gage de qualité.
Elle met en exergue :
- La distinction entre les vins français et les vins d’Europe et du nouveau monde
- La richesse des différents terroirs bordelais
- La singularité d’un vin particulier
En 2021, en Gironde, 65 AOP illustrent la luxuriance des différents terroirs bordelais.
Les enjeux climatiques
Pour rester un des meilleurs atouts de reconnaissance internationale, les AOP se doivent d’évoluer en prenant en compte les problématiques liées au respect de l’environnement.
Le changement climatique et notamment l’augmentation des températures, les obligent à modifier leur cahier des charges.
Si les AOP/AOC réussissent à s’adapter, elles aideront la viticulture française à rester une référence
mondiale.