Sous des airs de Victor Hugo…
Dans le frais brouillard, les travailleurs commencent leur ouvrage. Il est à peine plus de 8 heures, le soleil perce juste et laisse lentement monter les brumes de la Garonne.
Les mains ont froid. Le corps s’active, le cœur bat plus fort, mais notre outil de travail, nos mains, ont encore froid. Jusqu’à 11 heures.
Tel est le quotidien des travaux hivernaux. À Pauline et Nicolas est confiée la récolte des navets et des poireaux.
Leurs yeux experts sauront cueillir les bons.
Récolte longue et fastidieuse. Une à une, les premières fines peaux des poireaux sont retirées, pour les rendre présentables.
Satanés poireaux !
Pour ma part je m’adonne à l’un de mes gestes favoris : les semailles à la main.
Ce geste peux paraître dérisoire, et pourtant… Refaire ce geste, appris de mon père et reproduit par tant de générations de paysans, est émouvant.
Loin de toutes les technologies les plus avancées, c’est cette simplicité de travail qui prépare les récoltes futures.
Ce geste ne s’explique pas, il se vit…
Chaque sensation a son impact. Celle du pied, lors la marche lente et régulière, qui au contact la terre nourricière, sait dire si le lit de semence est suffisamment moelleux.
Celle de la main, calée sur le rythme régulier du pas, qui pioche les grains dans le panier avec son bruit si particulier.
Puis la main jette la semence avec adresse. La répartition des grains, la réussite du semis, dépendra de l’ouverture progressive des doigts, de la dextérité du semeur en somme.
L’œuvre est solennelle, elle prépare le pain de demain. Devoir de mémoire, j’initierai Nicolas à ce savoir-faire ancestral.
Les odeurs sont un réel plaisir. Le nez vibre quand la terre hume bon la fraicheur et l’humus fertile. Enfin, comble de beauté, alertés par les cris, nous verrons passer des migrateurs.
Elle est là, la vie simple des gens de la terre.
Olivier Reumaux