Voyage dans le temps : la fabrication des barriques
Un mythe déchaîne les passions dans notre petit monde du vin : c’est bien celui de la barrique.
Ce mystérieux contenant particulièrement esthétique, sphérique, fait de bois et cerclé de fer semble métamorphoser un vin lui apportant tant de choses nouvelles. Voici son histoire…
Son origine est très ancienne. Elle est née durant l’Antiquité, et aurait été inventée par les Gaulois ou un autre peuple, les Rhétes vivants dans les Alpes orientales et centrales. Avec le temps, elle se répand à travers le monde antique, avec les conquêtes romaines notamment. Son utilisation se généralise au 3ème siècle.
Elle est fort pratique pour le transport, pouvant mieux se ranger bien mieux que les encombrantes et fragiles amphores. On y transportait déjà du vin mais aussi de la cervoise, de l’huile ou du poisson. Les barriques de cette époque étaient faites avec plusieurs types de bois : du chêne mais aussi du sapin, du noisetier et du palmier. Elles étaient cerclées avec du bois de noisetier et non avec du fer.
Ses différents usages
Le Moyen âge voit se poursuivre son expansion à travers toute l’Europe, servant notamment à transporter le fameux Claret qui ravit tant vos papilles aujourd’hui, de l’Aquitaine vers l’Angleterre. C’est au moment de l’Époque Moderne qu’une nouvelle ère s’ouvre. Avec la généralisation de l’usage de la mèche de souffre, les déviations aromatiques de toutes sortes sont limitées.
Les vins, ce qui était rare auparavant, restaient plus longtemps dans leur contenant de bois, notamment durant les voyages vers le nouveau monde. Les professionnels du milieu s’aperçurent alors que les vins semblaient meilleurs après un plus long séjour en fût, notamment avec l’apport des tanins du bois. Cela donnait une palette aromatique encore plus complexe. De plus, la légère et lente oxydation à travers les pores du bois arrondit le vin. Puis, l’élevage en barrique se développa sur plusieurs siècles un peu partout en France et ailleurs. On y élève des vins rouges mais aussi des vins blancs et quelques rosés.
En France, un effort de standardisation des volumes pouvant être contenu à l’intérieur est entrepris. En effet, il y avait des fûts de nombreuses sortes contenant différentes quantités de vins. Les différences se font d’un pays à l’autre et même d’une région à l’autre ! Après plusieurs tentatives infructueuses, c’est Napoléon III qui, par décret, va standardiser les volumes pouvant y être contenus dans un souci de rationalisation.
Une autre de ses fonctions est le stockage. Il tend à progressivement disparaître au profit des nouveaux matériaux notamment l’inox. C’est au cours du 20ème siècle que la fonction transport disparaît, avec la démocratisation de la bouteille en verre, de la mise en carton et de la palettisation.
A partir des années 80, les vins « boisés » deviennent très prisés sur les marchés portés par des journalistes et œnologues. Désormais cette mode est retombée. Pour des raisons gustatives d’une part (les clients semblent apprécier des vins plus légers et moins corsés) mais aussi pour des raisons économiques. En effet, le prix d’une barrique dépasse désormais 700 €. De nouveaux modes d’élevage font leur apparition avec des copeaux de bois par exemple jusqu’à peut être définitivement supplanter l’élevage en fût. Nous verrons… ! Pour notre part nous utilisons des foudres de 600 L et quelques barriques.